mardi 13 mai 2014

Addi Ba Mamadou



complété par le site proposé par Etienne Guillermond
Addi Ba Mamadou, heros méconnu de la resistance

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Tollaincourt  


En souvenir de Mamadou Addi Ba

Le 18 juin 1940, le 12e régiment de Tirailleurs sénégalais rend les armes après une lutte acharnée contre l'armée allemande autour du petit village d'Harréville-les-Chanteurs (Haute-Marne). Les survivants sont faits prisonniers et acheminés vers Neufchâteau (Vosges), à quelques kilomètres de là. Parmi eux figure le soldat Mamadou Addi Ba, originaire de Guinée et installé en France depuis l'avant-guerre. Il a quitté l'Afrique au cours des années 30, adopté par une famille de colons français, avec qui il a vécu un temps à Langeais (Indre-et-Loire) avant de rejoindre Paris. Il s'engage dans l'armée en novembre 1939, fait ses classe à Rochefort et rejoint les zones de combats au printemps 1940.

Peu de temps après sa capture, Addi Ba parvient à s'évader et trouve refuge dans la forêt vosgienne avec un groupe de tirailleurs en déroute qu'il contribuera par la suite à faire évacuer vers la Suisse. Après s'être caché dans différents villages de la région (Saint-Ouen-lès-Paray, Rocourt, Romain-au-Bois), grâce à l'aide des habitants, il se fixe à Tollaincourt où il est protégé par le maire du village, Louis Dormois. Ce dernier le met en contact avec le réseau
« Ceux de la Résistance » qui lui confie des missions de renseignement et, notamment, une mission d'évacuation d'un officier britannique vers la Suisse. En 1942, suite à l'instauration du Service de travail obligatoire (STO), des maquis s'organisent pour accueillir les jeunes réfractaires qui refusent de partir en Allemagne. Addi Ba est chargé d'organiser et d'encadrer le maquis de la Délivrance dans une forêt proche de Tollaincourt.

Arrêté et fusillé par les Allemands en décembre 1943
Les premiers réfractaires arrivent vers mars 1943. 
Ravitaillé grâce à un réseau mis en place par Addi Ba, le maquis, qui comptera deux annexes et jusqu'à 180 recrues, s'organise comme il peut, sans arme ou presque, et sans moyen. Il y règne une atmosphère de cantonnement plutôt détendue à en juger par les rares photos que j'ai pu retrouver. Il est vrai que la présence allemande dans le canton de Lamarche, où il est installé, n'est pas très importante et que les effectifs sont très jeunes. Le 14 juillet 1943, le maquis est prévenu qu'une attaque allemande est imminente. Les jeunes sont évacués et cachés dans les fermes environnantes. Curieusement, Addi Ba ne s'enfuit pas. Il reste dans sa maison de Tollaincourt où les Allemands viennent le cueillir dans la nuit du 15 juillet. Blessé aux jambes après avoir tenté de s'enfuir, « le terroriste nègre » est conduit à la prison de la Vierge, à Épinal, où il est torturé pendant six mois avant d'être fusillé le 18 décembre 1943.

J'ai eu la chance de connaître l'histoire d'Addi Ba grâce à ma mère et à ma grande-mère, installées à Tollaincourt pendant la guerre. J'ai hérité du seul objet qu'il ait laissé derrière lui : un vieux Coran égyptien dans lequel se trouvaient des feuillets, écrits en arabe, et un dessin en souvenir de son séjour à Romain-au-Bois. Sans l'enquête minutieuse menée par le colonel Maurice Rives, ancien de la Coloniale, à la fin des années 1980, le parcours d'Addi Ba serait aujourd'hui oublié. Grâce à l'intervention d'un ancien du maquis, M. Hubert Mathieu, auprès de l'Office national des Anciens Combattants des Vosges, Addi Ba s'est vu décerner la médaille de la Résistance le 15 juillet 2003. Deux de ses neveux, retrouvés en Guinée, ont été invités à la cérémonie qui s'est déroulée à Épinal. Je leur ai remis le fameux Coran qu'ils ont reçu avec beaucoup d'émotion et qui retrouvé depuis la terre guinéenne. À ma demande et avec l'appui d'Hubert Mathieu et surtout de Francis-Hubert Huguenel, maire de Tollaincourt, le conseil municipal a décidé de renommer la rue principale du village à la mémoire d'Addi Ba. Les communes de Langeais et de la Vacheresse-La Rouillie (Vosges) lui avaient déjà rendu cet hommage. Ce sont là les seuls honneurs officiellement rendus, quarante ans après sa mort, au seul chef de maquis africain que la Résistance ait connu sur le territoire français. 
E.G.
NB : en mars 2009, j'ai mis en ligne un site Internet complet faisant le point sur l'ensemble des connaissances actuelles au sujet d'Addi Bâ. Pour le consulter, cliquez ici.

À lire
Héros méconnus, Mémorial des Combattants d’Afrique Noire et de Madagascar, de Maurice Rives et Robert Dietrich, édité par l’association française Frères d’Armes, Paris, 1993.
Mémorial : 1939-1940, le long martyrologe vosgien, édité par l’association Entente Résistance Internement Déportation – Vosges, éditions Crimée, Paris, 2002.


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